Besofs et mastamatafs
C’est par d’étranges et incompréhensibles formules que le pépé Trutet (pas le pépé forgeron, non, celui de l’autre versant familial) exprimait parfois une espèce de détachement du monde contemporain – enfin je veux dire contemporain de l’époque de mon enfance et adolescence – en accompagnant souvent ses formules d’une légère rotation de la tête, les yeux portant vers le haut et sa moue esquissant une sorte de sourire espiègle à travers sa pipe coincée entre ses dents. Ses mots s’envolaient, aussi difformes que les volutes de fumée de son tabac Caporal Gris qu’il avait engouffré puis tassé quelques minutes auparavant dans ce prolongement buccal terminé par un curieux fourneau qu’était sa vieille pipe culottée. ‘’Les besofs et les mastamatafs, quand on a la lucidité, eh ben voyez vous ...’’. Il donnait souvent une suite par d’autres formules tout aussi étranges énoncées entre ses dents serrées sur son brûle-gueule auquel il mettait le feu par un antique